Lettre à Mon
Tempo (2)
Cela fait presque une heure que je tourne en
rond ; je suis allé te voir dans le sous-bois et depuis je ne
sais quoi faire ! Avant, lorsque nous rentrions de promenade, je
préparais tes repas pour le lendemain, toujours dans la plus grosse
casserole je faisais cuire tes pattes, ton riz, ta viande et tu étais
là à guetter si la moindre patte tombait à côté de la
casserole !!! Tu te jetais dessus comme un loup affamé...
Quelle rigolade ! Le plus drôle c'est lorsqu'une patte tombait
sous un meuble, tu te mettais à plat ventre devant, la tête glissée
sous le meuble, mais ta grosse tête ne passait pas alors tu restais
ainsi. Il fallait que ce soit moi qui aille la chercher, ça tu
l'avais compris, alors tu te reculais, tu attendais que je me mette à
plat ventre pour attraper l'objet de ta convoitise ! Si
quelqu'un nous avait vu, je crois qu'il aurait bien rigolé !
Évidemment pendant ce temps là, la casserole débordait, je me
précipitais pour enlever la casserole du feu et éponger les dégâts,
Toi, tu me regardais avec ton air coquin, sagement assis au beau
milieu de la cuisine ! Tu devais te dire : « qu'est-ce
qu'il fiche encore ? »
J'ai toujours lu dans tes yeux,
j'ai toujours – je crois – senti ce que tu attendais, ce que tu
espérais ! Mais le plus fou dans tout cela c'est que, sans la
parole, tu savais tout me faire comprendre et tu savais tout ce que
signifiaient mes gestes. Rien ne t'échappait, les pas dans
l'escalier que je n'entendais pas, c'est toi qui, venant vers moi
d'un coup de tête dans un bras, me disais : « T'as
entendu ? Ça va, C'est bon ? Pas de souci ? On bouge
pas ? » Alors je te caressais la tête et tranquillement
tu retournais sur ton tapis.
Tu avais appris, par l'odorat, à
savoir qui montait ou qui descendait l'escalier qui mène chez nous.
Bien sûr si quelqu'un frappait à la porte, là, tu aboyais et ta
grosse voix en a dissuadé plus d'un. Je te disais : « Tempo
reste ! » Tu t'asseyais au milieu de la cuisine. J'ouvrai
la porte, tout en pointant un doigt vers Toi, ainsi tu ne bougeais
plus... Par contre, à l'inverse tu savais que, même t'ayant indiqué
d'attendre, si la personne qui avait frappé n'avait pas de bonnes
intentions en vers nous tu continuais d'aboyer ainsi je savais que,
même souriante et polie cette personne avait de mauvaises
intentions !
Il y a eu ce jeune homme qui venait, à chaque
fin de mois, me demander de le dépanner d'un peu de tabac ; tu
aboyais si fort qu'il mettait ses mains sur ses oreilles. Je lui
donnais du tabac et refermais vite la porte, là tu n'aboyais plus !
Pendant un temps
il y a eu le facteur mais rapidement – pourquoi ? - Toi seul
le sais, tu acceptas son passage. Par contre lorsque c'était le
propriétaire avec un ouvrier qui venaient réparer ce qui se
dégradait chez nous, là je ne pouvais te calmer ! S'ils
passaient deux heures à bricoler dans notre chez nous, tu ne cessais
d'aboyer ; j'avais beau utiliser toutes les méthodes même le
croûton de pain que tu aimais tant, rien n'y faisait... Tu sentais
combien ces gens étaient faux, combien ils se moquaient de nous,
combien leur présence était négative ! Ainsi, d'ailleurs, tu
ne faisais que confirmer ce que j'avais compris préalablement !
Mais Toi, tu le disais de ta grosse voix sans la moindre crainte
alors que moi je me taisais espérant qu'ils partent au plus
vite !
Aujourd'hui si l'on frappe à ma porte, je ne réponds
plus, je n'ouvre pas car Tu n'es plus là pour me dire :
« Oui, c'est bon ! » ou bien « Laisses
tomber ! »
Toi et moi avons partagé de bien belles
choses ! Ton regard me manque ! Il n'est pas un jour où je
ne sente ton odeur, pas un jour où je ne vois le vide immense où –
Tous-Les-Deux – oubliés de tous, Nous sommes restés l'un à
l'autre fidèles et, l'un pour l'autre en vie !
Alain
Girard
Le 19 09 2015
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Commentaires
Merci, fanfan, de votre attention et de votre sensibilité à mes écrits...Amitiés. Alain
Bonsoir Alain, une bien jolie lettre pour votre cher Tempo qui exprime votre belle complicité, recevez toute mon amitié, fanfan